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Le télétravail : quel impact environnemental ?

24/08/22

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Par Linking Talents

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Le télétravail

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70 % des déplacements domicile-travail s’effectuent aujourd’hui en voiture en France. Leur impact environnemental n’est pas négligeable : responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France, les transports constituent un enjeu fondamental dans la réduction des gaz à effet de serre. Télétravail et environnement semblerait donc faire bon ménage.


En effet, « le télétravail offre donc un potentiel considérable de réduction de la mobilité avec des effets favorables sur la congestion et les émissions de gaz à effet de serre et polluants » comme le rappelle l’étude de l’ADEME. Cependant, dans les faits, l’histoire se complique un peu. Recomposant nos modes de vie personnels et professionnels, le télétravail induit des effets rebonds (déplacements supplémentaires,
relocalisation du domicile, usage de la visioconférence, consommations énergétiques du
domicile) qui peuvent pénaliser, voire annuler, son bénéfice environnemental. Alors, entre réduction des mobilités et effets rebond, quelle est la balance environnementale du télétravail ?

 

Un bénéfice environnemental du télétravail considérable

Selon l’étude de l’ADEME, un télétravailleur se déplace 5,5km sur un jour travaillé contre 9KM s’il travaille au bureau, soit 39 % de moins. Cette diminution des trajets pendulaires domicile-travail entraine une réduction de 271 kg CO2eq annuels par jour de télétravail. Le télétravailleur à temps complet réduit donc ses émissions annuelles de 1,3 tonnes de CO2eq, soit presque l’équivalent de l’empreinte carbone d’un vol Paris-New York (1,178 tCO2e/passager). A titre d’indication, l’empreinte carbone annuelle des Français(es) avoisine les 10 tonnes de CO2 en 2019 selon le dernier rapport du Ministère de la Transition écologique, alors que l’Accord de Paris recommande une empreinte carbone annuelle de 2 tonnes pour enrayer le réchauffement climatique.

Outre les conséquences, des effets systémiques liés à cette réduction des mobilités se développent : décongestion des infrastructures de transport pendant les heures de pointe, permettant de fluidifier les trafics et de développer l’attractivité des transports en commun (source : Télétravail : moins de trajets, moins de carbone ?).

 

 Toutefois nuancé par des effets rebonds

Cependant, en conclure que le télétravail participe directement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre serait un peu hasardeux. En effet, le télétravail engendre des effets rebonds qui viennent questionner et nuancer ce bénéfice environnemental.  L’ADEME propose une classification de ces effets rebonds en trois grandes parties :

 

1. Les déplacements alternatifs

L’équation est plus complexe que la simple suppression du trajet domicile-travail. En effet, le travail à domicile entraine des déplacements supplémentaires qui prennent la forme d’une « mobilité en étoile » plutôt qu’en chaine. Le trajet domicile-lieu de travail et lieu de travail-domicile est généralement ponctué d’étapes (école, courses…) qui forme une « chaine modale » tandis que le télétravailleur est généralement amené à effectuer plusieurs trajets au départ de son domicile. Le télétravail peut donc engendrer une multiplication des trajets de courte distance comme le souligne le schéma de l’ADEME ci-dessous :

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Comparaison des mobilités sur une journée habituelle vs. une journée de télétravail – Source : ADEME

Cet effet rebond est estimé, par personne, à une moyenne d’émissions annuelles de CO2 à 67,7kg eqCO2 par jour de télétravail hebdomadaire. Notons, cependant, que le full télétravail participe au développement de modes de déplacement doux (marche, vélo) des télétravailleurs qui organisent leurs modes de consommation en favorisant naturellement les commerces de proximité, notamment dans le cadre de la pause déjeuner. Les déplacements alternatifs des télétravailleurs à temps complet doivent donc être envisagées en tenant compte de cette recomposition des habitudes de consommation.

 

2. L’augmentation de la consommation énergétique du logement

Conséquence logique du travail à domicile, le télétravail entraine une augmentation inévitable de la consommation d’énergie (consommation d’électricité pour les outils informatiques, chauffage, climatisation, éclairage, préparation du repas…). Ces émissions supplémentaires sont évaluées à une moyenne annuelle de 20,7kg eqCO2 par personne sur une année, par jour de télétravail hebdomadaire selon l’ADEME. Ajoutons une remarque à ce constant initial, le télétravail pourrait-il conduire à une construction de « logements plus grands, des extensions des logements existants, auquel cas les émissions de carbone associées à la construction pourraient également croître ? ». La hausse du pouvoir d’achat des télétravailleurs, liée aux économies en carburant, peut en effet donner lieu à des dépenses supplémentaires (extension du logement, achat d’un nouveau téléphone ou de billet d’avion…) dont les retombées en termes d’émissions de gaz à effet demeurent délicates à impacter. Rappelons, cependant, que dans le cadre du full télétravail, cet effet rebond lié à l’augmentation de la consommation d’énergie s’annule presque de lui-même : nul besoin de chauffer les bureaux d’entreprise, seul le domicile du télétravailleur fera l’objet d’une consommation d’énergie. Cet effet de redistribution souligne combien le cas du full télétravail vient nuancer les effets rebonds généralement engendrés par le travail à distance.

 

3. La pollution numérique

L’impact environnemental du numérique n’est pas négligeable : responsables de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les conséquences environnementales du numérique pourraient doubler d’ici 2050. Selon l’ADEME, le flux de données en audio consomme 1 000 fois moins de données en bande passante que la vidéo. A ce titre, l’étude de T.Leboucq « quelle application mobile de visioconférence pour réduire votre impact ? » rappelle qu’une minute de visioconférence émet 1g de CO2. Toutefois, les employeurs s’accordent pour affirmer que l’usage de la visioconférence n’est pas seulement imputable au télétravail mais s’inscrit à présent dans le quotidien de la vie de bureau. Selon l’ADEME, l’ensemble des émissions annuelles liées à la pollution numérique s’élève à 2,6 Kg eqCO2 par jour de télétravail hebdomadaire.

Quelle balance environnementale ?

Où peut-on alors placer le curseur, entre bénéfice environnemental et effets rebonds ? Malgré la présence d’effets rebonds dont la portée demeure quantitativement difficile à évaluer, le bilan environnemental du télétravail semble globalement positif. En effet, les effets rebonds mentionnés liés au télétravail s’élèvent à 91 kg eq CO2 / an / jour de télétravail hebdomadaire quand le bénéfice évalué était de 271 kg eq CO2/ an / jour de télétravail hebdomadaire. La balance est donc positive. Reprenons à cet égard les propos de Sylvie Landriève, directrice du Forum vies mobiles, qui affirme que “Plutôt que de s’opposer a priori au télétravail en pointant ses effets rebond qu’on ne peut pas mesurer, l’enjeu est plutôt d’accompagner ce mouvement pour en faire un outil ».  En effet, il nous appartient de saisir l’opportunité offerte par le télétravail pour redessiner des modes de vie plus respectueux de l’environnement. À la vue du son développement grandissant, toute réflexion sur le télétravail demeure ouverte et doit inclure, plus largement, des questions liées à la santé, au bien-être mais également des enjeux économiques, de management et d’innovation pour apprécier le phénomène du télétravail dans sa globalité.